mercredi 8 mars 2017

Est-ce que ma selle convient à mon cheval ?

Vous avez envie de savoir si votre selle va à votre cheval ? Lucie Delamare, c'est une saddle fitteur; vérifier des selles, c'est son métier et elle s'est gentiment proposée de vous donner quelques astuces !

crédit photo : Marie Anne Renard




Le saddle fitting est une discipline venue d’Angleterre qui consiste à vérifier l’adaptation de la selle au cheval en s’appuyant sur une prise de mesure du dos du cheval. Si on fait une traduction : saddle= selle, To Fit = ajuster, donc nous serions des « ajusteurs de selle », pas très glamour ! C’est pour cela que la plupart de mes collègues tout comme moi utilisons le terme anglais de saddle fitter.

La selle, comment savoir si elle convient à mon cheval ? Vaste question, car il y a une multitude d’éléments à prendre en compte, je vais donc essayer d’être méthodique.



L’arçon


  •  Première chose à vérifier : est-ce que l’arçon est intègre (= pas cassé) ? 

La méthode est simple et efficace placer la selle comme sur la photo et effectuer une traction vers soit, si la selle se plie il y a un gros doute à avoir sur l’intégrité de l’arçon. Soit l’arçon est cassé, il risque alors de pincer le cheval et peut être source de blessures, soit l’arçon est souple voir extra souple et donc perds une grande partie de son intérêt, là aussi il peut blesser le cheval. En cas de doute, il vaut mieux ne pas utiliser la selle.



Vérification de l’intégrité de l’arçon




  • La taille de l’arçon en largeur, aussi appelé ouverture d’arcade ou d’arçon.
C’est bien souvent là que ça coince ! Beaucoup de fabriquant ne proposent qu’une seule ouverture d’arçon : le médium, donc si votre cheval ne fait pas partie de ce standard, impossible de l’habiller convenablement (et je parle en connaissance de cause). C’est pour cela que la plupart des saddle fitter travaillent avec des marques anglaise et/ou allemandes car chez eux (où le saddle fitting est connu et reconnu depuis des décennies), les fabricants proposent 5 tailles d’ouverture d’arçon, allant de étroit à extra large. Avec ces 5 tailles d’ouverture d’arçon nous pouvons habiller la plupart des chevaux, pour les chevaux au physique « extrême » il est possible d’aller au-delà de ces 5 tailles, mais ce sont des arçons sur commande spéciale, le délai de livraison et le budget sont en conséquence.


  • La taille de l’arçon en longueur (= taille du siège) 
Alors là je dois dire que c’est un peu l’anarchie. Selon les marques et les fabricants on peut avoir des surprises, les tailles mesurées ne correspondent pas forcement à ce qui est noté sur la selle (souvent sous le quartier). Bref le mieux c’est de mesurer (en diagonale, du clou au milieu du troussequin).


Mais pourquoi vérifier la taille du siège ? 


Parce que c’est important pour le cheval et le cavalier.

  • Pour le cheval 
Une selle trop courte est rare (à moins de mettre une selle shetland sur un cheval d’1,80m), par contre une selle trop longue est assez courante (non vous ne pouvez pas mettre une 18’ sur un poney B). La règle est qu’il  ne faut pas que les matelassures  dépassent  derrière la dernière cote (il y a tout de même une tolérance). Si c’est le cas le cheval portera une partie du poids de son cavalier sur les reins, ce qui peut engendrer encore une fois des douleurs voir des frais ostéo et/ou véto.


  • Pour le cavalier 

La taille du siège est importante car il peut être source de douleurs et de gros problèmes de positions. Avec un siège trop grand le cavalier vas un peu se perdre dans sa selle, bon en soit ce n’est pas dramatique mais ça rends la stabilité et la fixité du cavalier plus difficile. Avec un siège trop petit, là ça peut être vraiment problématique. Que vous soyez cavalier ou cavalière vous aurez surement des douleurs au pubis, car le siège trop petit vous comprimera entre le pommeau et le troussequin, si vous essayer de soulager la douleur dû au pommeau en vous reculant dans la selle, le troussequin vous renverra impitoyablement vers l’avant . Un siège trop petit vous coincera le bassin et l’empêchera de fonctionner. Je m’explique prenez le temps de reproduire le mouvement que votre bassin fait (ou devrait faire) au trot assis et au galop, vous constaterez qu’il faut un minimum de latitude pour que votre bassin puisse suivre les mouvements du dos de votre monture. Si ce n’est pas le cas vous n’aurez pas d’autre choix que de subir ces mouvements et donc de « sauter » malgré vous dans votre selle (autrement dit se taper les fesses), et là aïe votre dos et celui de votre cheval ! Des fois les soucis de manque de liant de l’assiette d’un cavalier est dû à une selle trop petite et les séances de mises en selle ne serons d’aucun secours.

On définit la taille du siège dont a besoin le cavalier en fonction de sa corpulence (si vous faites du 44 en pantalon vous ne pourrez pas monter dans une selle taille 16’5), mais aussi avec la longueur du fémur. Les cavaliers très grands auront besoin d’un grand siège indépendamment de leur corpulence.
Enfin la forme du siège peut aussi influencer la sensation du cavalier : un siège très creux paraîtra plus petit d’un siège plat, les selles avec un « nez coupé » donneront aussi une sensation de siège plus petit. Dans les 2 cas tout simplement parce que la place laissé pour s’asseoir est plus ou moins grande pour une même taille de siège.

Ce paragraphe me permet de mettre le doigt sur un problème que l’on rencontre régulièrement en consultation : le cavalier parce qu’il est grand et/ou corpulent a besoin d’un siège 18’ mais sa monture à cause de sa longueur de dos ne peut accepter qu’une selle taille 17’ maximum. C’est un élément à prendre en compte lors du choix de votre monture, car certes nous pouvons jouer un peu grâce a des matelassures courtes, mais ceci a des limites et le problème peut être insolvable.


Et le dernier élément à vérifier  et pas le moindre : les matelassures


Première chose les matelassures sont généralement soit rembourrées de mousse, soit de laine. En France on aime beaucoup les matelassures en mousse, mais elles ont un gros désavantage c’est qu’il n’est pas possible de les modifier (il faut complétement les refaire et la note est souvent salée). Autre reproche que j’aurais à faire c’est qu’elles sont souvent « close contact », c’est-à-dire très fine, hors suivant la morphologie du cheval l’épaisseur n’est pas toujours suffisante à l’arrière pour que la selle ai un bon équilibre et donc que le cavalier soit lui aussi en équilibre, assis au-dessus de ses pieds. C’est pour ces raisons (enfin surtout car elles ne sont pas modifiables) que les saddle fitter préfèrent les matelassures en laine. Grâce à de petites ouvertures ménagées par les fabricants nous pouvons enlever ou rajouter de la laine et donc suivre au mieux l’évolution morphologique du cheval.


Exemple d’une « encoche » d’accès aux matelassures laine



Il y a plusieurs éléments à prendre en compte sur les matelassures, l’épaisseur et la profondeur à l’avant de celles-ci pour apporter plus ou moins de support autour du garrot, permettant de libérer celui-ci : Un cheval avec un garrot très saillant vas avoir besoin de plus de support pour cette zone qu’un cheval  avec un garrot noyé.



Ce que j’appelle la profondeur des matelassures qui permettent d’apporter plus ou moins de soutien au niveau du garrot.


Ensuite l’épaisseur à l’arrière des matelassures  afin d’équilibrer la selle. Oui c’est une obsession, mais c’est vraiment la clé pour une bonne position du cavalier. En effet certains chevaux ont une différence de niveau importante entre le garrot et l’arrière du dos dans ce cas il faut des matelassures épaisses à  l’arrière pour que le siège soit à l’horizontal. Et soyons clair ce n’est pas la finesse des matelassures qui font qu’on se sent proche du cheval !


Un très bon exemple d’un cheval à « haut garrot », nous voyons bien la différence de niveau entre le garrot et le reste du dos



La grande règle est de dégager la colonne vertébrale du cheval, aucune partie de la selle ne doit venir appuyer dessus. Il faut donc aussi vérifier la largeur de la gouttière. Les matelassures doivent reposer de façon uniforme sur toute leur surface (attention au pont et aux points de pression).

Le cavalier doit  être équilibré, assis au-dessus de ses pieds, sans pencher ni en avant, ni en arrière. Il pourra alors se concentrer sur son équitation et le travail de son cheval au lieu de se battre contre sa selle.

Vous l’aurez donc compris le choix et l’adaptation d’une selle est un sujet complexe, c’est pour cela que je refuse catégoriquement de faire des consultations sur photo. J’espère vous avoir éclairé en vous donnant une partie des éléments qui font qu’une selle est adapté ou pas, mais ne vous improvisez pas saddle fitter pour autant !



Crédit photos : Alexandra.S photographie/Saddle Fitting Bretagne


La selle c'est l'élément indispensable pour tout propriétaire; et pourtant ce n'est pas si simple d'en avoir une adaptée. Je vous propose de (re)lire votre partage d'expérience dans cet article.


Merci à saddle fitting Bretagne- Lucie Delamare pour cet article !


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